lundi 17 novembre 2008

Les fondations

J’ai retourné mon bureau, et j’ai tout détruit.
J’ai autodafé cette vie.
Les feuilles et les fiches, les livres et les articles. Les courriers et les résultats, et les convocations, et les plans, et les préparations.

Deux années entières, et la moitié d’une, pour rien, à mes pieds.


Neuf cent treize jours avec cela dans le ventre, neuf cent treize nuits avec cela au fond des yeux, grand ouvert, en vain. Neuf cent treize jours de projection, d’obstination.


Deux ans et demi d’études.

Un dixième de ma vie.

Pas grand chose.


Des heures de travail, de pression, d’épuisement. Des heures d’espoir, de concession.


J’ai eu le sentiment d’une trahison amoureuse. J’ai eu l’impression qu’un raz de marée avait dévasté toute mon existence. J’ai eu l’image persistante de ma vie en ruines, comme un champ de bataille encore fumant des derniers salves ennemies. J’ai senti l’eau monter autour de moi, et la terre se crever sous mon poids, j’ai senti le feu consumer mes nerfs, et mon souffle m’abandonner.


J’ai vu la bête arriver droit sur moi, celle de l’an passé que je connaissais trop bien, prête à m’encorner à nouveau. Comme je savais le mal qu’elle allait me faire, je l’ai arrêtée à temps, je l’ai saisie et j’ai frappé plus fort qu’elle, j’ai crié plus fort qu’elle, j’ai pleuré plus fort qu’elle aussi.`


Alors j’ai retourné mon bureau, et j’ai tout détruit.

Depuis, je reconstruis.

Ici.

3 commentaires:

22 a dit…

Je te suis. Je pense à toi.

Polysémie reconstruit a dit…

Pfioûûh 22, si tu savais comme ça me fait plaisir de te retrouver ici...

22 a dit…

Bin oui, je t'attendais.